Manfred réparateur de synthétiseurs

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Il est toujours utile de connaitre un réparateur pour réparer ses synthétiseurs, c’est pourquoi je vous propose de découvrir Manfred, de l’atelier Vintage Synths & Co.

Il s’est prêté au jeu de l’interview et va vous donner des conseils, expliquer son parcours, etc. Je suis passé par lui pour réparer mon Yamaha DX7 IID, un travail rapide et de bons conseils

Manfred, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Manfred , bientôt 30 ans, réparateur / technicien chez Vintage Synths & Co !

Logo Vintage Synths and Co

Je pose sur la photo (à gauche) avec Théo (à droite) qui est en formation à l’atelier.

Photo de Manfred Weber - Atelier de réparation Vintage Synths & Co

Mon intérêt pour les synthétiseurs et autres instruments électroniques a commencé au début des années 2010 : étant musicien (bassiste de formation, diplômé du CRR de Grenoble, et du CMDL -Centre Des Musiques Didier Lockwood), j’ai depuis toujours été bercé par la Funk et la musique dite « fusion » des années 70 (Weather Report, Herbie Hancock, Chick Corea, George Duke…).

Ce qui m’a amené tout naturellement vers les synthétiseurs et autres boîtes à rythmes ! J’ai très vite constaté que ces machines fascinantes avaient néanmoins souvent besoin d’une révision, et j’ai commencé à mettre les mains dedans presque immédiatement.

D’abord par nécessité (les réparateurs ne couraient pas les rues, déjà à l’époque !), mais très vite par passion : j’ai pris goût à explorer et découvrir l’univers passionnant de l’électronique, et surtout, le plaisir de faire revivre ces machines est à mon sens extrêmement gratifiant et motivant !

Les nombreuses petites expériences accumulées (mes premiers travaux sur mes 1ères machines  : nettoyage de contacts claviers sur un Casio CZ-1, un ou deux potentiomètres neuf sur un DW-8000 ou Poly-61, réalisation – assemblage d’un contrôleur midi pour piloter des Oberheim Matrix-1000..) m’ont donné l’envie et la confiance de poursuivre dans cette voie.

Photo du Casio CZ-1

J’ai quasiment tout appris « sur le tas », ce qui implique des centaines d’heures à se renseigner et se familiariser sur le monde de l’électronique et de l’industrie.. Mais aussi apprendre à organiser et gérer un atelier, « sourcer » les composants correctement… tout un monde à apprivoiser pour moi à l’époque !

J’ai, au fur et à mesure des années, croisé la route de quelques techniciens chevronnés/passionnés qui ont été source de nombreuses discussions passionnantes et enrichissantes… notamment Julien Voirin de Alpes Machines, mais aussi Patrick Luc (« Patroche ») , Thierry Gerardeaux (16 Music Lab), Jonathan Prager (Studio Piscine à Tokyo)… et j’en oublie certainement !

Peux-tu présenter la société Vintage Synths & Co

La société en elle-même existe depuis février dernier ; mais il a fallu un peu de temps pour aménager le nouveau local (qui est presque 100 % opérationnel).

Tout a été fait sur mesure, et on s’est bien pris la tête avec mon associé pour que les conditions de travail soient les plus agréables et ergonomiques, tout en ayant un cadre esthétique sympathique ! 

Entre les travaux d’aménagement, de déménagement, les ajustements et les aléas, j’ai repris mon rythme de croisière sur les réparations de machines depuis juin .

Le local fait 60m², il y a une partie showroom en cours de finalisation (de nombreux synthés seront patchés et prêts à être joués !), et une partie atelier avec établis, composants, outils….

Il y a actuellement 70 machines à l’atelier, et nous travaillons sur une vingtaine de machines par mois ! Bien entendu, cette moyenne est fortement influencée par les travaux requis et les machines en elles-mêmes (un changement des puces VCF/VCA sur un Juno-106 ne demande pas le même temps de travail ni le même investissement qu’une restauration complète d’un MemoryMoog ou d’un ARP 2600…) . 

Nous gardons systématiquement un journal de bord des travaux effectués sur chaque machine qui passe à l’atelier (ainsi que de nombreuses photos avant/pendant/après), ce qui permet d’alimenter notre base d’archives… et d’avoir un suivi sur le long terme des machines ! 

Depuis que j’ai démarré la réparation en tant que professionnel (avril 2019 !), ce sont donc plus de 600 machines qui sont passées entre mes mains, et je ne compte pas m’arrêter là ! 

Peux-tu nous décrire les services que tu proposes ?

Les services proposés sont très variés et sur un panel assez conséquent de marques/modèles.

Cela va de la simple réparation ciblée et ponctuelle à des restaurations plus complètes et globales, ce qui est rarement de trop, vu l’âge des machines sur lesquelles nous travaillons (de 1970 à 1988 pour faire simple).

Voici un petit aperçu des travaux les plus courants :

  • Restauration des composants de contrôle (potentiomètres rotatifs, sliders, commutateurs variés…), un processus extrêmement minutieux la plupart du temps : il s’agit de dessouder le composant, de l’ouvrir, de tout nettoyer, désoxyder ce qui doit l’être, et de lubrifier (si besoin), refermer, tester et ressouder !
  • Restauration des claviers : exemple avec un clavier de MiniMoog (Pratt Read) : démontage intégral du clavier, changement des ressorts de contacts plaqués or par des neufs, polissage des bus bar, bushings neufs, nettoyage intégral, ajustements divers…
  • Restauration électronique : changement des composants critiques/cruciaux qui arrivent en fin de vie et/ou sont défectueux : condensateurs de tous types (principalement électrolytiques et tantales), trimmers, circuits intégrés, transistors, diodes, résistances…
  • Restauration et nettoyage cosmétique : capuchons, quincailleries, touches, façade, boiseries, interne, externe… Beaucoup de choses sont possibles (sérigraphie/peinture neuve dans les cas les plus extrêmes !)

Quelle a été la plus belle machine que tu as restaurée ?

Sans aucun doute, un Korg PS-3300 !

Photo de la Korg PS-3300

La machine était proche d’être une épave complète, et elle est ressortie 100 % fonctionnelle (quel son… je n’ai jamais rien entendu de tel !) et avec un aspect cosmétique excellent !

C’était mon baptême de feu sur la série des PS et un des ouvrages les plus titanesque que j’ai effectué, autant dire que je n’ai pas compté les heures sur cette machine… plus de 600 condensateurs a changé, une cinquantaine de connecteurs 22 broches à remplacer (un total de plus de 1000 câbles à souder/dessouder, le tout dans des positions pas toujours confortables !), 150 circuits intégrés, 50 jacks et 100 potentiomètres neufs

Quels conseils donner à des personnes qui possèdent de « vieux synthétiseurs »?

Conseils de base

Mon 1er conseil serait de les ouvrir de temps en temps (une fois par an !) pour faire une petite inspection de routine : cela ne prend souvent que quelques minutes, et peut donner déjà un bon indicateur de la « santé » de la machine (Il y’a-t-il des coulures de piles/condensateurs ? Des traces de rouille ?)

Idéalement, les allumer au moins une fois par semaine, ne serait-ce qu’une heure !

Bien sûr, un stockage et une utilisation dans une pièce avec une hygrométrie maîtrisée et idéale, et un protège-poussières est toujours une bonne idée (les sliders vous remercieront ) .

Quelques conseils plus pragmatiques sur l’entretien :

Il faut garder en tête que comme toute machine qui à bientôt 40 ans (voir 50 ou plus), les travaux de maintenance et d’entretien sont quasi systématiques de nos jours, et il ne faut pas négliger la maintenance préventive, qui prends tout son sens dans de nombreux cas.

Certaines bécanes vieillissent mieux que d’autres (je pense aux machines japonaises -les Yamaha surtout ! qui sont d’une qualité de fabrication / conception / assemblage incroyable, et très souvent bien documentées…).

Et enfin, un conseil très subjectif qui s’adresse principalement aux collectionneurs férus qui accumulent parfois des dizaines de machines : l’entretien à un coût substantiel, qui ira en augmentant avec le temps (je pense surtout aux mastodontes polyphoniques !).

Il est largement préférable de n’avoir « que » 3…4 machines en parfait état de fonctionnement que 10 ou plus avec une seule qui fonctionne correctement .. Scénario qui n’est pas si rare que cela parmi les collectionneurs hélas !

Vends-tu du matériel ?

Oui !

Nous avons des machines en dépôt-vente : ce sont très généralement des clients qui souhaitent se séparer de leur synthétiseur, et nous les révisions ou restaurons avant la mise en vente : le futur acquéreur sait donc que la machine qu’il achète est en parfait état de fonctionnement et saine 

Nous avons également quelques machines que nous achetons défectueuses : elles sont systématiquement restaurées pour les ventes !

Les machines des clients en dépôt vente seront visibles dans une rubrique de notre futur site internet les machines achetées par notre société seront visibles sur notre page Reverb également 

Nous avons également des pièces détachées à vendre (potentiomètres, contacts claviers, visserie, connecteurs … principalement des composants rares et obsolètes / compliqués à trouver que nous avons fait refaire sur mesure pour la maintenance et le futur entretien). Celles-ci seront accessibles directement depuis la boutique dédiée.

Comment se déroule une réparation chez toi ?

Le cas typique : après un échange par email ou téléphone ; une date de RDV est fixée pour apporter la machine à l’atelier.

Il y’a souvent quelques semaines (ou mois.) d’attente avant la prise en charge !
Nous absorbons toujours pas mal de retards entre les travaux tardifs du nouveau local et l’aménagement … qui est quasiment terminé ! 

Un diagnostic / devis est proposé sous 15 jours en moyenne (souvent moins pour les petites réparations ciblées, et parfois plus pour les grosses restaurations) après dépôt des machines.

Si le devis est refusé, le diagnostic est facturé 60 € TTC. Si le devis est validé, les travaux retenus sont terminés dès que possible (sachant que dans bien des cas, ils sont déjà bien avancés : un bon diagnostic revient souvent à trouver la panne, donc à effectuer 80% du travail en amont de la validation du devis  .

Les restaurations complètes peuvent s’étaler sur plusieurs mois, et les réparations ciblées sur les machines les plus courantes (Juno-106, DX7, Minimoog…) peuvent être effectuées en quelques heures… tout dépendra donc de votre machine et des travaux à réaliser !

Toutes nos réparations sont garanties 3 mois, les machines restaurées sont garanties 6 mois (un certificat de restauration est d’ailleurs délivré !).

J’en profite pour faire une petite parenthèse sur la gestion du stock, qui est le nerf de la guerre dans cette activité de réparation : Nous nous efforçons de stocker, inventorier, classer plus de 2000 références de pièces diverses pour pouvoir éviter des délais d’approvisionnements et de « sourcing », mais il arrive de temps en temps qu’une pièce rare ne soit disponible que sous plusieurs semaines, voire plusieurs mois dans certains cas !

Tu es également un musicien, peut-on écouter ce que tu composes ?

J’ai un peu mis la musique en standby depuis que je me suis lancé professionnellement dans cette aventure (donc bientôt 5 ans !) … mais vous pouvez regarder quelques vidéos de mon ancien projet « Equinoxe » (Tribute à Weather Report)

Projet « Equinoxe » – Tribute à Weather Report

( vous pourrez y apercevoir un OB-8 et un OBX entre autres !)

Je me remets doucement à la musique sur mon temps libre, et reprends des relevés de morecaux de Steely Dan (un régal que ce soit à la basse et aux claviers !).

J’espère pouvoir reprendre la musique en groupe en tout cas après tout ce temps, ça commence à manquer !

Quelles sont vos coordonnées ?

atelier vintage synths co

Vintage Synths & Co

Vous pouvez me joindre au 0670804900 ou m’écrire à l’adresse email : contact@vintagesynthsandco.com

L’atelier est situé au 22 rue Milton , 75009 Paris. Dans le quartier de Pigalle.

Vous pouvez également nous suivre sur les réseaux sociaux.

Galerie photo de l’atelier et des machines présentes

J’ai pris quelques photos lorsque je suis passé à l’atelier, et je pense que vous allez apprécier les machines présentes au moment de mon passage… Un vrai musée !

Et de quoi faire rêver plus d’un passionné… Reste la question « fatale » : quelle machine est en réparation et quelle machine est en état de marche ?

Manfred me confiait qu’il y avait des machines récentes… Comme le Colossus d’Analogue Solutions.

Conclusion

J’espère que cet article vous aura donné une vision plus complète des réparateurs de synthétiseurs, c’est un métier, souvent réalisé par des passionnés. J’ai vraiment apprécié rencontrer Manfred lors de la réparation de mon DX7, un passionné qui connait vraiment bien les machines. Avec des tarifs abordables et des conseils prodigués pour expliquer ce qu’il fait.

J’espère continuer à réaliser d’autres interviews pour vous fournir du contexte autour d’un métier, et vous transmettre aussi de bonnes adresses. J’ai d’ailleurs écris un article pour fournir une liste de réparateurs.

Si vous avez apprécié cet article, vous pouvez le noter ci-dessous ou laisser un commentaire, c’est toujours un encouragement à continuer la rédaction d’articles. Merci

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