Un synthétiseur modulaire est un synthétiseur composé d’un ensemble de modules indépendants où chacun remplit une fonction élémentaire : oscillateur (VCO), filtre (VCF), amplificateur (VCA), générateurs d’enveloppe, effet, mixeur… Le choix des modules et leur interconnexion se fait de manière totalement libre dans le but de produire des sons.
Ce type de synthétiseur est donc apprécié pour le grand nombre de possibilités qu’il offre dans le design sonore, et pour la possibilité de personnaliser le choix des modules présents selon les besoins.
Pour faire simple, vous inventez et mettez en place votre propre synthétiseur, avec les modules qui vous semblent utiles pour votre univers sonore.
Les premiers synthétiseurs modulaires commerciaux ont été développés, en parallèle, par RA Moog, et Buchla en 1963. Tant Robert Moog que Donald Buchla avaient eu connaissance d’un texte écrit par l’allemand Harald Bode en 1961 et dans lequel celui-ci décrit les possibilités de création sonore par des systèmes à transistors. Bode avait par ailleurs développé un oscillateur contrôlé en tension dès 1960. Le synthétiseur élargit le spectre et facilite la création de musique électronique qui était alors réalisée par enregistrement et montage sur bande magnétique, par utilisation d’instruments électroniques et électromécaniques primitifs comme le Thérémine et les Ondes Martenot ou encore à l’aide de générateurs électroniques impossibles à interconnecter.
On peut citer également le Synthi VCS-3 (1969) de EMS (employé par exemple par Karlheinz Stockhausen) ou l’un des précurseurs que fut le Synket conçu par Paolo Ketoff (ingénieur italien qui travaillait pour RCA, il choisit le nom Synket pour « Synthesizer Ketoff ») dont la conception commença dès 1962 et s’acheva fin 1964 (le premier modèle fut livré début 1965 pour les concerts de John Eaton). Le Synket était accompagné de trois petits claviers de 2 octaves, chacun relié à un VCO et un VCF et dont les touches pouvaient être préréglées de façon convenable pour jouer de la musique microtonale.
Après Moog, Buchla et Ketoff, d’autres fabricants émergeront plus tard. D’abord aux États-Unis (ARP, Serge) et en Europe (EMS), puis au Japon (Roland, Korg, Yamaha). En 1976, la société japonaise Roland sort le System 700. Toujours dans le milieu des années 1970, la vente par correspondance de kits électroniques par Paia Electronics offre une seconde voie, celle du bricolage, pour faire des synthétiseurs modulaires. De nombreuses petites séries moins connues verront le jour, notamment à l’instigation de magazines (tel Elektor), de commerces dédiés à l’électronique (telle la firme Maplin en Grande-Bretagne) ou d’associations de passionnés d’électroacoustique (A.C.M.E., Belgique).
Encombrants, lourds et fragiles, ils étaient essentiellement utilisés en studio pour l’enregistrement, à quelques exceptions notables comme Keith Emerson qui jouait sur ses modulaires Moog 55 en concert. Vers 1970 sont apparus des instruments portables, dont le plus célèbre reste le Minimoog, certes plus simples et plus pratiques d’utilisation pour un musicien en tournée, mais aussi plus restreints en termes de possibilités sonores en raison de leur architecture fixe VCO > VCF > VCA. Le compromis fut la mise au point de synthétiseurs dit semi-modulaires comme l’ARP 2600 ou encore le Korg MS-20.
Dans les années 1980, les synthétiseurs analogiques, modulaires ou non, ont été largement remplacés par les synthétiseurs et échantillonneurs numériques se présentant en version clavier ou en racks MIDI. Mais vers la fin des années 1990 se produit une résurgence de la popularité des synthétiseurs analogiques modulaires. En fait, il y a plus de fabricants aujourd’hui que lorsque les synthétiseurs modulaires occupaient le devant de la scène, dans les années 1960-1970.
Enfin, le développement de la MAO a permis l’apparition de synthétiseurs modulaires virtuels sous forme logicielle comme Reaktor, où les modules deviennent des plug-in connectables les uns aux autres.
Découvrez les composants d’un synthétiseur
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