On entend souvent parler du patchbay, mais quel est son utilité, comment le mettre en place et quel modèle choisir ? Je vous le présente dans cet article, en vous donnant des exemples de connexion pour tirer parti de ce boitier très pratique.

Le patchbay à quoi ça sert ?

C’est un nom anglais, qui en français est traduit par « baie de connexions » et qui est aussi utilisé en informatique, pour faciliter les branchements, et décupler les possibilités de connexion grâce à ce boitier déporté. Cela nous rappelle une époque ou les standardistes des centrales téléphoniques utilisaient des patchbays pour mettre en relation les gens.

Il faut comprendre que vous allez brancher les appareils que vous utilisez habituellement : synthétiseurs, effets, table de mixage, carte son via les prises arrières. Et pour permettre de nouvelles connexions vous utiliserez la face avant. Et c’est justement grâce à ces possibilités que ce boitier prend tout son intérêt.

Un patchbay de la marque Behringer
Un patchbay de la marque Behringer

Les avantages du patchbay

  • déporter à un endroit plus accessible toutes les connexions de vos appareils. Fini de passer sous le bureau, vous cogner pour connecter un nouvel appareil, ou pour changer de branchement. Vous retrouverez souvent un patchbay sous forme de rack, et à proximité de votre bureau.
  • faciliter les modifications de connexion (le routing), un nouvel appareil, faire passer un synthétiseur dans un effet, rediriger la sortie d’une table de mixage vers votre carte son, etc.
  • protéger les connecteurs de vos appareils, vous n’aurez plus besoin de les brancher/débrancher sans arrêt. Tout se fera sur le patchbay.
  • vous éviter d’acheter des tables de mixages ou cartes son avec un nombre d’entrées très important. En effet, vous n’utilisez pas systématiquement tout votre matériel en même temps. Donc il est parfois plus simple que selon l’inspiration, ou l’envie, vous branchiez tel synthétiseur à la place d’un autre sans avoir besoin d’une entrée pour chaque synthétiseur. Le patchbay va faciliter cette démarche.

Les inconvénients du patchbay

  • il nécessite d’avoir plus de câbles, on double les câbles pour raccorder les entrées/sorties de vos appareils en face arrière et on ajoute ensuite les câbles pour réaliser les nouvelles connexions (routings) entre appareils sur la face avant.
  • Prévoir son budget : entre le boitier et les câbles.
  • Si vous n’êtes pas organisés, il sera difficile de vous y retrouver. Rassurez-vous je vous donne des conseils un peu plus bas.
  • Vous pouvez endommager certains matériels en faisant de mauvaises connexions. Par exemple, relier la sortie de votre ampli à l’entrée de votre micro.
  • pas forcement utile si vous avez peu de matériel (quoique)

Les types de patchbay

Les patchbays sont disponibles dans une variété de tailles et de formats. Il existe des patchbays audio, audio-numériques, des patchbays vidéo et des patchbays audio / vidéo. Vous trouverez des unités symétriques et asymétriques avec une variété de connecteurs, Jack (TRS & TS), RCA, XLR, AES, SPDIF, TT, etc.

Les patchbays de type TT (Tiny Telephone), également appelés Bantam sont des modèles professionnels, bien plus coûteux. Et sont réservés aux studios professionnels.

Nous allons aborder les patchbays les plus courants, avec des connectiques en jack 6,35 TRS.

Les modèles de patchbay

Je vous propose une sélection de modèles. Mais tout d’abord, répondons à la question suivante.

Symétrique ou asymétrique ? Quel type de liaison choisir ?

Si vous ne connaissez pas la différence entre une liaison symétrique et asymétrique, je vous invite à lire l’article dédié aux câbles du home studio.

En résumé, la liaison symétrique est moins sensible aux interférences, et est souvent conseillée.

Dans le cas du choix d’un patchbay, je vous conseille d’opter pour un patchbay avec des liaisons symétriques comme ceux proposés ci-dessous.

Pourquoi ? Parce qu’il est possible de connecter du matériel avec des liaisons asymétriques sur un patchbay avec des liaisons symétriques. Alors que l’inverse n’est pas du tout conseillé (connecter du matériel en liaison symétrique sur un patchbay en liaison asymétrique).

Et que dans votre évolution de matériel, vous tendrez à un moment donné vers des liaisons symétriques, autant opter pour le patchbay en liaisons symétriques directement, il n’y a pas de grosses différences au niveau du prix.

Un autre critère important, en dehors du prix, est de regarder comment changer les modes (Normal, Half-normal, Thru). Parfois il faut démonter le patchbay, parfois il y a des sélecteurs, devant, derrière, au-dessus… Cela vaut le coup de prendre quelques minutes pour regarder la documentation de l’appareil avant de l’acheter…
Ne négligez pas cet aspect pratique 😉

PatchBay Behringer PX3000

Behringer PX3000 Pro

L’un des patchbays les plus abordables. Il présente la particularité de pouvoir sélectionner le mode (Normal, Half-normal et Thru) via un sélecteur sur le dessus du rack. Inconvénient il faut bien prévoir les modes avant de l’insérer dans un rack.
Patch de 48 points en TRS (symétrique).

Son prix : environ 85€

Samson s-patch plus patchbay avec sélecteurs en façade

Samson S-patch Plus

Celui que je recommande, car il a une bonne réputation et intègre un sélecteur en façade, pour changer les modes, c’est un aspect très pratique.
Patch de 48 points en TRS (symétrique).

Son prix : environ 170€

Les câbles pour les patchbays

Les câbles pour un patchbay
Un exemple de câbles pour votre patchbay

N’hésitez pas à prendre des câbles de couleurs histoire de faciliter le repérage des branchements et des appareils connectés. Vous devrez également choisir la longueur de vos câbles de patchbay (à partir de 30cm jusqu’à 1,5m).

Je vous conseille de prendre des liaisons en Jack TRS symétriques.
Il est facile de les reconnaitre visuellement avec 2 traits noirs sur l’embout du jack (voir image ci-dessous).

Illustration Jack TRS Masse, Point Chaud et Point Froid

Jack TRS symétrique

Si vous ne comprenez pas les différences entre les câbles TRS symétriques et UnBalanced Asymétriques (TS), je vous invite à lire l’article dédié : les câbles du home studio.

Les règles de connexion d’un patchbay

Cela se fait en observant les trois règles communes pour configurer votre patchbay. Ce sont des conventions que vous retrouverez un peu partout, y compris dans les studios professionnels.

  1. Les prises supérieures sont destinées aux sorties
  2. Les prises inférieures sont destinées aux entrées
  3. Les connexions se produisent uniquement de haut en bas

Les prises supérieures sont destinées aux sorties

Que ce soit en façade ou à l’arrière du patchbay, cette règle est utile.
Donc pour vous donner un exemple concret, si vous avez un synthétiseur, vous brancherez ses 2 sorties dans 2 prises en haut. Si vous l’utilisez tout le temps, je vous conseille de le connecter plutôt à l’arrière qu’en façade.

Les prises inférieures sont destinées aux entrées

Dans la même démarche que le paragraphe ci-dessus, toutes les entrées sont toujours connectées en bas, que ce soit devant ou derrière le patchbay.
Que connecter sur ces prises ? Les entrées de votre carte son, de votre table de mixage, de votre rack d’effet.
Dans la même logique que précédemment, si c’est un matériel utilisé fréquemment, je vous conseille une connexion à l’arrière du patchbay.

Résumé en image des entrées et sorties d’un patchbay

Résumé des connexions d'un patchbay : en haut les sorties, en bas les entrées
Résumé des connexions d’un patchbay : en haut les sorties, en bas les entrées

Les connexions se produisent uniquement de haut en bas

C’est la base d’un patchbay, si vous respectez les règles habituelles des sorties en haut et des entrées en bas.
Et donc, une fois compris ce point, ce sera tout le temps l’application de ce principe. Vous irez raccorder une sortie vers une entrée.

Par exemple (voir le schéma ci-dessous) :
Vous avez un patchbay, et vous avez connecté votre synthétiseur, votre carte son et votre pédale d’effet.
Etant en mode normal, par défaut la sortie du synthétiseur, se dirige dans l’entrée de la carte son.

Vous souhaitez pour les besoins d’un morceau, connecter votre synthétiseur, vers votre pédale d’effet et envoyer ce signal vers votre carte son.
Vous utiliserez un cable raccordant la sortie du synthétiseur (cable jaune) vers l’entrée de l’effet. Et ensuite la sortie de l’effet(cable vert) vers l’entrée de votre carte son. Donc des connexions de haut en bas 😉

Schéma de connexions du haut vers le bas d'un patchbay
Schéma de connexions du haut vers le bas d’un patchbay

Les différents modes du patchbay

Il s’agit d’un point très important pour vous aider à faire ce que vous voulez :

  • Mode NORMAL (normalisé)
  • Mode HALF-NORMAL (semi-normalisé)
  • Mode THRU (passant)

Le mode Normal (normalisé)

Patchbay schéma du mode Normal

Mode Normal

Les connexions sont faites uniquement à l’arrière du rack. Ce mode connecte automatiquement la sortie du haut vers l’entrée du bas. C’est le mode qui permet de ne pas avoir besoin d’ajouter de câbles sur l’avant.
Si vous branchez un cable sur l’avant, vous couperez ce signal.
Utilité : pour les branchements habituels de votre home studio, sur lequel vous n’intervenez pas souvent.

Le mode Half-normal (semi-normalisé)

Patchbay schéma du mode Half  Normal

Mode Half normal

C’est une variante du mode normal, permet de brancher un câble sur l’avant sans rompre le signal qui lie la connexion de l’arrière entre la sortie (en haut) et l’entrée (en bas).
Mode très utilisé, permet de diviser un signal de sortie.
Exemple : raccordement arrière d’un synthétiseur(sortie) vers une entrée de la table de mixage. La connexion à l’avant permet également de raccorder le synthétiseur à une carte son pour un enregistrement.
Comme l’indique le schéma, il n’est pas possible de faire la même chose pour une entrée, dans le but de préserver le matériel d’entrée avec un mélange de signal qui pourrait endommager les préamplis.

Le mode Thru (passant)

Patchbay schéma du mode Thru

Mode Thru

Un mode qui est appelant passant, car nécessite de raccorder les prises du haut à la fois à l’arrière et à l’avant. Idem pour les prises du bas.
Cette configuration peut être utilisée pour brancher la sortie stéréo d’un lecteur CD et ne prendre que 2 prises verticales (le schéma à gauche n’est pas correct dans ce cas). Edit du 8 novembre : permet également de brancher des pédales d’effet, sans risquer de relier entrées et sorties.
Ce qui sous-entend de bien repérer ces branchements et de ne pas les confondre avec un autre mode.

Les exemples de cablâges d’un patchbay

Nous allons prendre un exemple concret pour bien comprendre ce que vous pouvez faire avec un patchbay.
J’ai choisi des éléments avec peu d’entrées et de sorties, pour ne pas se perdre et comprendre la logique.
Dans mon idée, ce choix permet d’offrir une configuration de jeu Live, et aussi une configuration d’enregistrement via la carte son. Bien évidemment, il y aurait plein d’autres choix plus logiques, une table de mixage qui fasse carte son, une carte son avec plus d’entrées, etc.

Imaginons que nous possédons le matériel suivant :

  • un synthétiseur Roland JX-8P – 2 sorties
  • un synthétiseur Behringer Pro-1 – 1 sortie
  • un synthétiseur Roland Boutique D05 – 2 sorties
  • une table de mixage ZED 6 Allen & Health – 6 entrées – 2 sorties
  • une carte son Focusrite Scarlett Solo 3rd Gen – 2 entrées – 2 sorties
  • une pédale d’effet Strymon BlueSky – 2 entrées – 2 sorties
  • une pédale d’effet June-60 – 1 entrée – 1 sortie
  • une paire de moniteurs – 2 entrées
  • un lecteur de CD externe – 2 sorties

Comment brancher tout ce petit monde ? Et s’imaginer un copain venant avec un autre synthétiseur et voulant se connecter.

On commence par les connexions arrières du patchbay

On imagine que nous allons connecter, tous les appareils, et qu’ils représentent notre configuration habituelle.

Les connexions à l'arrière du patchbay pour une configuration Live
Les connexions à l’arrière du patchbay pour une configuration Live

Prenez le temps d’observer les connexions, et le choix des modes. Finalement c’est très simple, une fois assimilé le principe des sorties en haut et des entrées en bas.

J’ai ajouté les moniteurs en les reliant à la table de mixage pour la configuration Live, et un exemple de mode Thru avec un lecteur de cd externe.

Bien sur la partie avant, va permettre de finaliser certaines connexions, et de comprendre ce qu’il est possible de faire désormais.

Suite des connexions en face avant du patchbay :

  • Ajouter un effet : si on souhaite utiliser des effets, nous pourrons par exemple sur le Behringer Pro-1, utiliser la sortie 2 et entrer dans le Chorus June-60 entrée 35. Puis sortir du Chorus sortie 11 pour retourner dans l’entrée de la table de mixage ZED 6 entrée 26.
  • Cumuler plusieurs effets, on reprend la même connexion qu’au-dessus pour le Behringer, mais au lieu de relier la sortie du Chorus vers l’entrée de la table de mixage, on ira connecter la sortie du Chorus sortie 11 vers l’entrée de la pédale BlueSky entrée 33, puis la sortie de la Bluesky sortie 9 qui elle sera reliée à l’entrée de la table de mixage entrée 26.
  • Enregistrer une piste : il suffira d’utiliser les 2 sorties par exemple du Roland JX-8P sorties 5 et 6, qui par défaut sont reliées à la table de mixage entrées 29 et 30. Pour aller les connecter aux entrées 36 et 37 de la carte son Scarlett.
  • Connecter un nouveau synthétiseur : un ami vient vous voir, il a un synthétiseur avec une seule sortie vous pouvez soit utiliser l’entrée de la table de mixage 25 qui est vide, soit utiliser l’entrée 36 de la carte son.
  • Ecouter un CD : relier les 2 sorties 19 et 43 du lecteur de CD, à 2 entrées de la table de mixage par exemple les entrées 27 et 28.

Ce cas concret, devrait vous permettre de mieux appréhender les connexions, les liaisons et les modes. Et de voir finalement les possibilités, et la simplicité des routings en cas de besoin.
Dans la partie suivante, je vous guide par étapes pour que vous puissiez en faire de même avec votre propre configuration.

S’organiser pour intégrer un patchbay dans son home studio

Effectivement, il va falloir se poser pour compter les sorties et entrées de vos appareils connectés et définir ainsi si vous avez besoin d’un ou plusieurs patchbays. Dans certains cas, vous pouvez volontairement retirer certaines connexions au patchbay pour économiser des prises (moniteurs, synthés/piano que vous utilisez tout le temps, etc).

Ensuite, il faudra reporter sur un document vos connexions, histoire de vous rappeler au moment venu les connexions en place.

Vous pouvez tout simplement le faire sur papier, mais je vous conseille d’utiliser votre ordinateur via Google Sheet (équivalent gratuit d’Excel) et d’organiser ainsi vos connexions, je vous propose un modèle à télécharger un peu plus bas dans l’article.

Mise en place d’un patchbay par étapes

Donc vous avez avec votre patchbay 48 prises, 24 en haut pour les sorties, 24 en bas pour les entrées. Et vous devrez définir le mode (Normal, Half Normal et Thru) pour chaque prise.
Définir les appareils les plus faciles à connecter et qui sont habituels.

Je vous propose de télécharger le modèle de fichier XLS (Excel) que j’ai utilisé avec Google Sheet, le tableur gratuit de Google.

Les étapes à suivre pour réussir la mise en place de son patchbay

  • Commencez par les sorties donc de 1 à 24. Notez-les au fur et à mesure.
  • Passez aux entrées de 25 à 48. Notez-les au fur et à mesure.
  • Choix du mode : Normal, Half Normal et Thru pour chaque prise.
  • Allumez le tout et testez à volume faible.

Si tout fonctionne « comme avant » c’est nickel, et vous allez pouvoir avancer sur les branchements à la demande en face avant.

Les exercices à faire pour tester sa configuration

Une liste rapide, pour vous permettre d’avancer sur votre maîtrise du patchbay. A la fois dans le cablâge, mais également et surtout dans le choix du mode.

  • Pouvoir raccorder un synthétiseur à un effet, avant de retourner dans la table de mixage.
  • Pour raccorder un synthétiseur à 2 effets avant de rentrer dans la carte son.
  • Pouvoir enregistrer un synthétiseur via la carte son, tout en envoyant le son également dans la table de mixage.

Connecter un synthétiseur occasionnel

Vous serez souvent confronté à ce besoin, et qui donne toute la valeur de l’utilité d’un patchbay.Un ami veut vous faire écouter un synthétiseur qu’il vient d’acheter et débarque chez vous pour une séance d’écoute.

Comment le raccorder à votre système audio ?

C’est tout simple :

  • Utilisez les connexions devant le patchbay.
  • Choisissez les entrées dans lesquelles faire rentrer la sortie (ou les sorties) de ce nouveau synthétiseur.
  • Monter le volume et écoutez ce nouveau synthé 😎

Cela coupera provisoirement le son du synthétiseur qui était connecté à l’arrière, au bénéfice de ce nouveau synthétiseur. Une fois la démo audio terminée, vous débranchez ce nouveau synthétiseur et votre configuration retrouve son état d’origine.

Pratique, non ? 🤩

Je me suis servi des sources suivantes pour réaliser cet article, et je remercie au passage les auteurs des ces articles ainsi que Jérôme Farrugia pour son aide :

Conclusion

J’espère que cet article vous aura éclairé sur l’utilité d’un patchbay, et vous aura aidé à comprendre comment l’utiliser. Il permet par exemple d’avoir une configuration pour jouer live avec son matériel, et de rediriger certains signaux vers l’enregistrement en cas de besoin. Ou de faire passer un son de synthétiseur par des effets, puis par les entrées d’un autre synthétiseur, c’est flexible donc beaucoup de possibilités pour vous 😉

C’est un outil pratique qui a l’avantage d’apporter la flexibilité dans votre home studio. Il vous permettra de ne plus vous retrouver à 4 pattes sous la console, et à vous emmêler dans vos câbles.

Et son utilisation peut vous dépanner si vous arrivez à courts d’entrées et de sorties sur votre table de mixage ou votre carte son.

N’hésitez pas à noter cet article, ou à me laisser un commentaire, ça m’encourage à continuer 😉

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